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quand il est pur. En effet, une analyse des prix de Covent Garden, qui est le grand marché de légumes de Londres, et une comparaison de ces prix avec ceux du détail, faites il y a quelques années dans les colonnes du Daily News, ont prouvé que le client paye entre 6 et 12 sous, et quelquefois davantage, alors que le producteur reçoit un sou. Mais dans un pays où les denrées alimentaires sont importées, il en est fatalement ainsi : le type du producteur vendant ses propres produits disparaît des marchés pour faire place à l'intermédiaire. Le marché même est supprimé[1].

Mais si nous avançons vers l'Est et passons en Belgique, en Allemagne et en Russie, nous voyons le coût de la vie de plus en plus réduit, si bien que finalement nous trouvons qu'en Russie, pays qui reste toujours agricole, le blé coûte la moitié ou les deux tiers de ce qu'il coûte à Londres, et la viande est vendue dans les provinces à raison de 30 à 60 centimes le kilog. Nous pouvons

  1. Au cours de l'hiver de 1890, un de mes amis qui habitait un faubourg de Londres faisait venir son beurre de Bavière par colis-postaux. Il payait les 5 kg. de beurre 9 fr. 80 en Bavière, le port du colis lui coûtait 2 fr. 70, le mandat-poste 60 centimes et la lettre 23 centimes. Total : 13 fr. 35. À la même époque, le beurre de qualité bien inférieure, sans comparaison, et contenant de 10 à 15 % d'eau, se vendait à Londres plus de 4 fr. le kg. — Recevoir divers produits (beurre, légumes, poisson) directement du fermier ou du pêcheur par petits colis, devient maintenant une coutume largement répandue à Londres.