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ment dû à l'importance des récoltes de légumes ordinaires.

J'ajouterai aussi que toute cette culture date d'hier. Il y a cinquante ans, la culture maraîchère était encore dans un état primitif. Mais aujourd'hui le jardinier parisien non seulement défie le sol, — il obtiendrait les mêmes récoltes sur un trottoir d'asphalte, — mais il défie aussi le climat. Ses murs, construits pour refléter la lumière et pour protéger les arbres en espalier contre les vents du nord, ses chaperons et ses petits toits protecteurs en verre placés sur les murs, ses châssis et ses pépinières ont fait de la banlieue de Paris un véritable jardin, un riche jardin du Midi. Le jardinier a donné à Paris les « deux degrés de latitude en moins » que désirait un écrivain scientifique français. Il fournit à sa capitale des montagnes de raisins et de fruits en toute saison, et dès le commencement du printemps il l'inonde et la parfume de ses fleurs. Mais il ne produit pas que des articles de luxe. La culture en grand des légumes ordinaires prend de l'extension d'année en année, et les résultats sont si satisfaisants, qu'il y a aujourd'hui des maraîchers qui osent soutenir que si toute la nourriture animale et végétale nécessaire pour les 4.500.000 habitants des départements de la Seine et de Seine-et-Oise devait être demandée à leur propre territoire (8.400 kilomètres carrés), ce serait possible, sans qu'on eût besoin de recourir