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Mais si nous allons visiter la ferme de M. Goppart — un des promoteurs de l'ensilage en France — nous verrons que, sur un champ drainé et bien engraissé, il ne récolte pas moins de 135 tonnes de maïs vert par hectare, ce qui donne 34 tonnes de foin sec, c'est-à-dire la nourriture de 5 bêtes à cornes pour 2 hectares. La production est ainsi triplée.

Quant aux betteraves, utilisées également pour la nourriture du bétail, M. Champion, à Whitby, réussit, au moyen de l'épandage des eaux d'égoût, à produire 115 tonnes de betteraves par hectare, et même, en certains cas, 175 et 225 tonnes. Chaque hectare lui fournit ainsi la nourriture d'au moins 5 ou 7 têtes de bétail. Et de telles récoltes ne sont pas des cas isolés. C'est ainsi que M. Gros, à Autun, réussit à récolter par hectare 680 tonnes de betteraves et de carottes, ce qui lui permettrait de nourrir dix bêtes à cornes. Quant aux récoltes de 100 à 115 tonnes de betteraves à l'hectare, elles ne sont pas rares, ainsi que le montrent les concours agricoles en France, et le succès dépend uniquement de la bonne culture et des engrais appropriés. Il apparaît donc que si, avec les procédés de la grande culture ordinaire, on a besoin de 800.000 hectares pour nourrir 1.000.000 de bêtes à cornes, un nombre double d'animaux pourraient être nourris sur la moitié de cette surface ; et si la densité de la population l'exigeait, le nombre