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Si l'on tient compte des exportations et des importations de produits agricoles à l'entrée et à la sortie de Belgique, on se demande si les conclusions de Laveleye valent encore et si un dixième, voire un vingtième seulement de la population, demande sa nourriture à l'importation. Dans les années 1880 à 1885, le sol de la Belgique n'alimentait pas moins de 189 habitants par kilomètre carré avec ses produits ; et il en restait encore pour l'exportation, — la Belgique expédiant chaque année au moins 25.000.000 fr. de produits agricoles en Angleterre. Cependant on ne saurait dire au juste si ces conditions se sont maintenues jusqu'à présent.

Depuis 1880, époque où les droits d'importation sur les céréales (qui étaient de 60 centimes par quintal) furent abolis, et l'entrée des céréales devint libre, « les importateurs ne se trouvaient plus dans la nécessité d'entreposer les marchandises destinées à la réexportation, et les déclaraient en consommation »[1]. Le résultat fut que, tandis qu'en 1870 la Belgique n'importait que 70 kg. de céréales par habitant,

  1. J'emprunte ces lignes à une lettre du 28 janvier 1910, que l'Office Rural du Ministère de l'Agriculture belge a bien voulu m'envoyer, en réponse à des questions que je lui avais adressées concernant les écarts soudains des exportations entre 1870 et 1880. — Un ami belge ayant eu l'obligeance de prendre de nouveaux renseignements sur ce sujet, a trouvé cette même opinion confirmée d'une autre source officielle.