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ficence des prairies et les résultats obtenus dans certaines fermes, il y a beaucoup à apprendre en Angleterre, comme dans le Nord de la France. Mais une connaissance plus approfondie de l'agriculture anglaise en général permet d'y découvrir bien des traits d'infériorité.

Si magnifique qu'elle soit, une prairie reste une prairie, et sa productivité est bien inférieure à celle d'un champ de blé. Et les bestiaux de belle race apparaissent comme de pauvres créatures dès qu'on sait que 120 ares de terre sont nécessaires pour nourrir un boeuf.

Certainement on ne saurait se défendre d'admirer les récoltes de 25 hectolitres de froment par hectare obtenues en Angleterre ; mais quand on apprend que sur les 13.000.000 hectares cultivables il n'y en a que 660.000 qui donnent de tels résultats, on est tout à fait désappointé. Le premier venu obtiendrait des récoltes aussi belles, en réservant tout son engrais à la vingtième partie de la surface qu'il possède.

D'autre part, les 25 hectolitres cessent de nous apparaître comme un brillant résultat quand nous voyons que, sans engrais, simplement au moyen d'une bonne culture, on a obtenu à Rothamsted une moyenne de 12 hectolitres et demi par hectare sur la même pièce de terre pendant quarante années consécutives[1].

  1. Rothamsted Experiments (Les Expériences de Rothamsted), par le Prof. W. Fream, 1888, p. 33 et suiv.