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les environs immédiats d'une cité de 6.000.000 d'habitants, approvisionnée de pommes de terre des Flandres et de la Bretagne, de salade française et de pommes du Canada.

Entre les mains des maraîchers parisiens, chaque millier d'hectares situé à la même distance de la capitale serait cultivé par au moins 5.000 êtres humains, qui lui feraient produire des légumes pour une valeur de 3.000 à 20.000 francs par hectare. Mais ici, des arpents et des arpents de terre, qui n'ont besoin que du travail des hommes pour qu'il en jaillisse des moissons dorées, restent en friche, et les gens vous répondent : « C'est une lourde terre glaise ! » sans même se douter qu'il n'y a pas de sols stériles qui résistent au travail de l'homme : que les terrains les plus fertiles ne sont pas ceux des prairies d'Amérique ni les steppes de Russie — bien loin de là ! — qu'il faut les chercher dans les tourbières d'Irlande, sur les dunes de sable de la côte nord-ouest de la France, sur les collines escarpées qui bordent le Rhin, sur les terrasses des montagnes de l'Italie, où ils ont été créés par le travail des hommes.

Cependant le fait le plus frappant est que dans certaines parties incontestablement fertiles de l'Angleterre la situation est encore pire. Je fus vraiment navré de voir l'état dans lequel on laisse la terre dans le Devon méridional, et d'apprendre par expérience ce qu'on appelle