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certain sentiment de fraternité et de solidarité ; ils préfèrent s’adresser à des tiers pour vider leurs différends. L’hospitalité des peuples primitifs, le respect de la vie humaine, le sentiment de réciprocité, la compassion pour les faibles, la bravoure, jusqu’au sacrifice de soi-même dans l’intérêt d’autrui, que l’on apprend d’abord à pratiquer envers les enfants et les amis, et plus tard à l’égard des membres de la communauté, — toutes ces qualités se développent chez l’homme antérieurement aux lois, indépendamment de toute religion, comme chez tous les animaux sociables. Ces sentiments et ces pratiques sont le résultat inévitable de la vie en société. Sans être inhérentes à l’homme (quoi qu’en disent les prêtres et les métaphysiciens), ces qualités sont la conséquence de la vie en commun.

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Mais, à côté de ces coutumes, nécessaires pour la vie des sociétés et la conservation de la race, il se produit, dans les associations humaines, d’autres désirs, d’autres passions, et partant, d’autres habitudes, d’autres coutumes. Le désir de dominer les autres et de leur imposer sa volonté ; le désir de s’emparer des produits du travail d’une tribu voisine ; le désir de subjuguer d’autres hommes, afin de s’entourer de jouissances sans rien produire soi-même, tandis que des esclaves produisent tout le nécessaire pour que leur maître se procure tous les