Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

(suivant le témoignage de Kohl) prennent parfois l’offensive ; en ce cas, si les loups ne font pas promptement retraite, ils courent le risque d’être entourés par les chevaux et tués à coups de sabots. On sait que les loups des prairies (Canis latrans) s’associent par bandes de vingt à trente individus quand ils donnent la chasse à un bison accidentellement séparé de son troupeau[1]. Les chacals, qui sont extrêmement courageux et peuvent être considérés comme l’un des représentants les plus intelligents de la tribu des chiens, chassent toujours en bandes ; ainsi unis ils ne craignent pas de plus grands carnivores.[2] Quant aux chiens sauvages d’Asie (les Kholzuns ou Dholes), Williamson vit leurs bandes nombreuses attaquer tous les grands animaux, excepté les éléphants et les rhinocéros, et vaincre les ours et les tigres. Les hyènes vivent toujours en société et chassent par bandes, et les associations pour la chasse des cynhyènes peintes sont hautement louées par Cumming. Les renards mêmes qui d’habitude vivent isolés dans nos pays civilisés s’unissent parfois pour la chasse[3]. Quant au renard polaire c’est — ou plutôt c’était au temps de Steller — un des animaux les plus sociables, et quand on lit la description que Steller nous a laissée de la lutte qui s’engagea entre le malheureux équipage de Behring et ces intelligents petits animaux, on ne sait de quoi s’étonner le plus : de l’intelligence extraordinaire de ces renards et de l’aide mutuelle qu’ils se prêtaient en déterrant de la nourriture cachée sous des monticules de pierres ou mise en réserve sur un pilier (un renard

  1. Houzeau, Études, II, 463.
  2. A propos de leurs associations pour la chasse, voyez Natural History of Ceylan de sir E. Tennant, citée dans Animal Intelligence de Romanes, p. 432.
  3. Voyez la lettre d’Emile Hüter dans Liebe de Büchner.