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reviennent au printemps suivant, ils retournent au même endroit, chacun d’eux reprenant le plus souvent possession du nid même qu’il avait bâti ou réparé l’année précédente[1].

Ce sujet est si vaste et encore si imparfaitement étudié, il offre tant d’exemples frappants d’habitudes d’entr’aide, conséquences du fait principal de la migration et dont chacun demanderait une étude spéciale, que je dois m’abstenir d’entrer ici dans plus de détails. Je ne peux que rappeler en passant les réunions nombreuses et animées qui ont lieu, toujours au même endroit, avant le départ pour les longs voyages vers le Nord ou vers le Sud, ainsi que celles que l’on voit dans le Nord, après que les oiseaux sont arrivés à leurs lieux de couvée sur l’Yeniséi ou dans les comtés du Nord de l’Angleterre. Pendant plusieurs jours de suite, quelquefois pendant un mois, ils se réunissent une heure chaque matin, avant de s’envoler pour chercher leur nourriture, discutant peut-être l’endroit où ils vont construire leurs nids[2]. Si, pendant la migration, leurs colonnes sont surprises par une tempête, les oiseaux des espèces les plus différentes sont amenés à se rapprocher par le malheur commun. Les oiseaux qui ne sont pas proprement des espèces de migrateurs, mais qui se transportent lentement vers le Nord ou le Sud selon les saisons, accomplissent aussi

  1. On a souvent dit que les plus gros oiseaux transportent parfois quelques-uns des plus petits quand ils traversent ensemble la Méditerranée, mais le fait demeure douteux. D’un autre côté il est certain que des petits oiseaux se joignent à de plus gros pour les migrations ; le fait a été noté plusieurs fois et il a été récemment confirmé par L. Buxbaum à Raunheim. Il vit plusieurs bandes de grues avec des alouettes volant au milieu et sur les deux côtés de leurs colonnes de migration. (Der zoologische Garten, 1886, p. 133.)
  2. H. Seebohm et Ch. Dixon mentionnent tous les deux cette habitude.