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avec d’autres faucons (Falco tinnunculus, F. æsulon et F. subbuteo) se réunissant toutes les après-midi vers quatre heures et s’amusant jusque tard dans la soirée. Ils s’envolaient tous à la fois, en ligne parfaitement droite, vers quelque point déterminé, et quand ils l’avaient atteint, ils retournaient immédiatement, suivant le même trajet, pour recommencer ensuite[1]. Chez toutes les espèces d’oiseaux on trouve très communément de ces vols par bandes pour le simple plaisir de voler. « Dans le district de Humber particulièrement, écrit Ch. Dixon, de grands vols de tringers se montrent souvent sur les bas-fonds vers la fin d’août et y demeurent pour l’hiver… Les mouvements de ces oiseaux sont des plus intéressants ; de grandes bandes évoluent, se dispersent ou se resserrent avec autant de précision que des soldats exercés. On trouve, dispersés parmi eux, beaucoup d’alouettes de mer, de sanderlings et de pluviers à collier[2]. »

Il serait impossible d’énumérer ici les différentes associations d’oiseaux chasseurs ; mais les associations de pélicans pour la pêche méritent d’être citées à cause de l’ordre remarquable et de l’intelligence dont ces oiseaux lourds et maladroits font preuve. Ils vont toujours pêcher en bandes nombreuses, et après avoir choisi une anse convenable, ils forment un large demi-cercle, face au rivage, et le rétrécissent en revenant à la nage vers le bord, attrapant ainsi le poisson qui se trouve enfermé dans le cercle. Sur les canaux et les

  1. Catalogue raisonné des oiseaux de la faune pontique, dans le voyage de Demidoff ; résumé par Brehm (III, 360). Pendant leurs migrations les oiseaux de proie s’associent souvent. Un vol que H. Seebohm vit traversant les Pyrénées, présentait un curieux assemblage de « huit milans, une grue et un faucon pérégrin » (Les oiseaux de Sibérie, 1901, p. 417).
  2. Birds in the Northern Shires, p. 207.