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duelle ; tandis que les œufs et les larves des fourmis sont un régal pour un grand nombre d’habitants des forêts. Cependant les fourmis, unies en sociétés, sont peu détruites par les oiseaux, ni même par les fourmiliers, et sont redoutées par des insectes beaucoup plus forts. Forel vidant un sac plein de fourmis dans une prairie, vit les grillons s’enfuir, abandonnant leurs trous au pillage des fourmis ; les cigales, les cri-cris, etc., se sauver dans toutes les directions ; les araignées, les scarabées et les staphylins abandonner leur proie afin de ne pas devenir des proies eux-mêmes. Les nids de guêpes mêmes furent pris par les fourmis, après une bataille pendant laquelle beaucoup de fourmis périrent pour le salut commun. Même les insectes les plus vifs ne peuvent échapper, et Forel vit souvent des papillons, des cousins, des mouches, etc., surpris et tués par des fourmis. Leur force est dans leur assistance mutuelle et leur confiance mutuelle. Et si la fourmi — mettons à part les termites, d’un développement encore plus élevé, — se trouve au sommet de toute la classe des insectes pour ses capacités intellectuelles ; si son courage n’est égalé que par celui des plus courageux vertébrés ; et si son cerveau — pour employer les paroles de Darwin — « est l’un des plus merveilleux atomes de matière du monde, peut-être plus que le cerveau de l’homme », n’est-ce pas dû à ce fait que l’entr’aide a entièrement remplacé la lutte réciproque dans les communautés de fourmis ?

Les mêmes choses sont vraies des abeilles. Ces petits insectes qui pourraient si facilement devenir la proie de tant d’oiseaux et dont le miel a tant d’amateurs dans toutes les classes d’animaux, depuis le coléoptère jusqu’à l’ours, n’ont pas plus que la fourmi de ces moyens de protection dus au mimétisme ou à une