Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/361

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même chose pour cette question des formes primitives du mariage que pour la question des institutions primitives de la propriété foncière. Lorsque les idées de Maurer et de Nasse sur la commune villageoise, développées par toute une école d’explorateurs de mérite, ainsi que les idées des anthropologistes modernes sur la constitution communiste primitive du clan eurent obtenu un assentiment presque général — elles provoquèrent l’apparition d’ouvrages tels que ceux de Fustel de Coulanges en France, de Frédéric Seebohm en Angleterre et plusieurs autres, dans lesquels on s’efforçait — avec plus de brillant que de réelle profondeur — de discréditer ces idées, de mettre en doute les conclusions auxquelles les recherches modernes étaient arrivées (voir la Préface du professeur Vinogradov à son remarquable ouvrage, Villainage in England). De même, quand les idées sur la non existence de la famille à la primitive époque du clan commencèrent à être acceptées par la plupart des anthropologistes et des étudiants de droit ancien, elles provoquèrent des livres comme ceux de Starcke et de Westermarck, dans lesquels l’homme est représenté, selon la tradition hébraïque, comme ayant commencé par la famille patriarcale, et n’ayant jamais passé par les états décrits par Mac Lennan, Bachofen ou Morgan. Ces ouvrages, en particulier la brillante Histoire du mariage humain, ont été très lus et ont produit un certain effet : ceux qui n’avaient pas lu les volumineux ouvrages soutenant la thèse opposée devinrent hésitants ; tandis que quelques anthropologistes, familiers avec ce sujet, comme le professeur français Durkheim, prirent une attitude conciliante mais pas très nette.

Cette controverse sort un peu du sujet d’un ouvrage sur l’entr’aide. Le fait que les hommes ont vécu en tribus dès les premiers âges de l’humanité n’est pas contesté, même par ceux qui sont choqués à l’idée que l’homme ait pu passer par une période où la famille, telle que nous la comprenons, n’existait pas. Toutefois le sujet a son intérêt et mérite d’être mentionné. Ajoutons seulement qu’il faudrait tout un volume pour le traiter à fond.

Quand nous nous efforçons de lever le voile que nous