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migrateurs, et des troupes de coypous se répandirent de tous côtés en quête de nourriture. Soudain une maladie mystérieuse s’abattit sur eux, et les extermina rapidement ; l’espèce fut presque éteinte » (p. 12).

D’un côté l’extermination par l’homme, de l’autre les maladies contagieuses, voilà les principaux obstacles qui entravent le développement d’une espèce — et non pas la lutte pour les moyens d’existence, qui peut ne pas exister du tout.

On pourrait citer en grand nombre des faits prouvant que des régions qui jouissent d’un bien meilleur climat que la Sibérie sont cependant aussi peu peuplées d’animaux. Ainsi, dans l’ouvrage bien connu de Bates nous trouvons la même remarque touchant les rivages mêmes du fleuve Amazone.

« Il s’y trouve, écrit Bates, une grande variété de mammifères, d’oiseaux et de reptiles, mais ils sont très disséminés et tous extrêmement craintifs devant l’homme. La région est si vaste et si uniformément couverte de forêts, que ce n’est qu’à de grands intervalles que l’on voit des animaux en abondance, dans quelques endroits plus attrayants que d’autres » (Naturalist on the Amazon, 6e édition, p. 31).

Le fait est d’autant plus frappant que la faune du Brésil, qui est pauvre en mammifères, n’est pas pauvre du tout en oiseaux, comme on l’a vu dans une citation précédente, touchant les Sociétés d’oiseaux. Et cependant, ce n’est pas la surpopulation, mais bien le contraire, qui caractérise les forêts du Brésil, comme celles d’Asie et d’Afrique. La même chose est vraie pour les pampas de l’Amérique du Sud ; Hudson remarque qu’il est tout à fait étonnant qu’on ne trouve qu’un seul petit ruminant sur cette fameuse étendue herbeuse, qui conviendrait si admirablement à des quadrupèdes herbivores. Des millions de moutons, de bestiaux et de chevaux, introduits par l’homme, paissent maintenant, comme on le sait, sur une partie de ces prairie. Les oiseaux terrestres aussi sont peu nombreux, tant comme espèces que comme individus, dans les pampas.