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Quelques exemples très intéressants de l’amour de la société chez les animaux ont été rapportés dernièrement par Mr. C. J. Cornish (Animals at Work and Play, Londres, 1896). Tous les animaux, observe-t-il avec justesse, détestent la solitude. Il cite aussi un exemple amusant de l’habitude des chiens de prairies de poser des sentinelles. Elle est si invétérée chez eux qu’il y en a toujours un de garde, même au Jardin Zoologique de Londres et au Jardin d’Acclimatation de Paris (p. 46).

Kessler avait bien raison de faire remarquer que les jeunes couvées d’oiseaux, en se réunissant en automne, contribuent au développement de sentiments de sociabilité. M. Cornish (Animals at Work and Play) a donné plusieurs exemples des jeux de jeunes mammifères, tels que des agneaux jouant « marchons à la queue leu-leu » ou « au roi détrôné » et des exemples de leur goût pour les steeple-chases ; il cite aussi des faons jouant à une espèce de « chat-coupé » s’attrapant l’un l’autre par une touche du museau. Nous avons, en outre, l’excellent ouvrage de Karl Gross, The Play of Animals.


V.- Obstacles à la surpopulation.

(Page 78.)


Hudson, dans son livre Naturalist on the La Plata (chap. III), raconte d’une façon très intéressante la multiplication soudaine d’une espèce de souris et les conséquences de cette soudaine « onde de vie ».

« Durant l’été de 1872-73, écrit-il, nous eûmes beaucoup de jours ensoleillés, et en même temps de fréquentes averses, de sorte que pendant les mois chauds nous ne manquions pas de fleurs sauvages, comme cela arrivait généralement les autres années. » La saison fut ainsi très favorable aux souris, et « ces petites créatures prolifiques furent bientôt si abondantes que les chiens et les chats s’en nourrissaient presque exclusivement. Les renards, les belettes et les opossums faisaient bonne chère ; même le