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Passant ensuite à l’homme, nous l’avons vu vivant en clans et en tribus à l’aube même de l’âge de pierre ; nous avons signalé un grand nombre d’institutions sociales développées déjà durant l’état sauvage primitif, dans le clan et la tribu ; et nous avons constaté que les plus anciennes coutumes et habitudes, nées au sein de la tribu, donnèrent à l’humanité l’embryon de toutes les institutions qui déterminèrent plus tard les lignes principales du progrès. C’est de la tribu sauvage que la commune villageoise des barbares parvint à se développer ; et un nouveau cycle, plus large que le précédent, de coutumes, d’habitudes et d’institutions sociales, dont un grand nombre sont encore vivantes parmi nous, se forma dès lors, en prenant pour base le principe de la possession en commun d’un territoire donné et sa défense en commun, sous la juridiction de l’assemblée du village, et ayant pour milieu la fédération des villages qui appartenaient à une même souche ou étaient supposés tels. Et lorsque de nouveaux besoins poussèrent les hommes à faire un nouveau pas en avant, ils le firent en constituant les cités, qui représentaient un double réseau d’unités territoriales (communes villageoises), combinées avec les guildes — ces dernières étant formées pour exercer en commun un art ou une industrie quelconque, ou bien pour le secours et la défense mutuels.

Enfin, dans les deux derniers chapitres, des faits ont été mentionnés pour montrer que, quoique le développement de l’État sur le modèle de la Rome impériale ait violemment mis fin à toutes les institutions d’entr’aide du moyen âge, ce nouvel aspect de la civilisation n’a pas pu durer. L’État, basé sur de vagues agrégations d’individus et voulant être leur seul lien d’union, ne remplissait pas son but. Alors la tendance à l’entr’aide brisa les lois d’airain de l’État ; elle réapparut et s’af-