Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/307

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nastères[1]. Édouard VI acheva son œuvre[2], et dès la seconde moitié du XVIe siècle nous voyons le Parlement juger tous les différends entre les artisans et les marchands, tandis qu’auparavant, ils étaient jugés dans chaque cité, par la cité. Le Parlement et le roi non seulement firent la loi dans ces contestations, mais, poursuivant les intérêts de la Couronne dans l’exportation, ils entreprirent bientôt de fixer le nombre des apprentis dans chaque métier et réglementèrent minutieusement la technique même de chaque fabrication : les poids des matériaux, le nombre de fils dans chaque mètre d’étoffe. Avec peu de succès, il faut le dire, car les contestations et les difficultés techniques qui avaient été réglées depuis des siècles par des conventions entre des guildes, dépendant étroitement les unes des autres, et par les cités fédérées, échappaient complètement à la compétence de l’État centralisé. L’ingérence continuelle de ses fonctionnaires paralysait, en effet, les métiers et réduisit la plupart à une ruine complète ; si bien que les économistes du XVIIIe siècle, en s’élevant contre les réglementations des industries par l’État, ne firent qu’exprimer le mécontentement général. L’abolition de cette ingérence par la Révolution française fut accueillie comme un acte de libération, et l’exemple de la France fut bientôt suivi dans d’autres pays.

Pour la réglementation des salaires, l’État n’eut pas

  1. Toulmin Smith, English Guilds, Londres, 1870, Introduction, p. xliii.
  2. L’acte d’Édouard VI — le premier de son règne — ordonnait de remettre à la couronne « toutes les fraternités, confréries et guildes qui existaient dans le royaume d’Angleterre et du Pays de Galles et les autres possessions du roi, et tous les manoirs, les terres, les domaines et autres biens leur appartenant ou à quelqu’un des leurs » (English Guilds, Introd., p. xliii). voir aussi Ockenkowski, Englands wirthschaftliche Entwickelung im Ausgange des Mittelälters, Iéna, 1879, chap. II et V.