Page:Kropotkine - L Entraide un facteur de l evolution, traduction Breal, Hachette 1906.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une seule propriété commune avec les perfectionnements de l’agronomie moderne. Quant aux vieilles coutumes et habitudes communales, elles sont en vigueur dans la plus grande partie de l’Allemagne. L’appel des « aides », qui sont de vraies fêtes du travail, est tout à fait habituel en Westphalie, dans la Hesse et le Nassau. Dans les régions bien boisées le bois de charpente pour bâtir une maison neuve est pris généralement à la forêt communale, et tous les voisins se réunissent pour construire la maison. Les coutumes d’entr’aide se rencontrent même aux alentours des grandes villes : ainsi dans les faubourgs de Francfort c’est une coutume parmi les jardiniers que, au cas où l’un d’eux tombe malade, tous viennent le dimanche cultiver son jardin[1].

En Allemagne, comme en France, dès que les gouvernants supprimèrent les lois contre les associations des paysans — ce ne fut qu’en 1884-1888 — , ces unions commencèrent à se développer avec une merveilleuse rapidité, malgré tous les obstacles légaux par lesquels on essaya de les entraver[2]. « Le fait est, dit Buchenberger, que dans des milliers de communes villageoises, où toute espèce d’engrais chimique ou de fourrage rationnel était inconnu, ces deux perfectionnements modernes sont devenus d’un emploi courant et ont pris une extension tout à fait imprévue, grâce aux associations » (Vol. II, p. 507). Toutes sortes d’instruments économisant le travail, des machines agricoles ainsi que de meilleures races d’animaux sont achetés aujourd’hui grâce à ces associations, et divers

  1. K. Bücher, ibid., pp. 89, 90.
  2. Pour cette législation et les nombreux obstacles que la bureaucratie et la surveillance opposèrent à ces associations, voir Buchenberger, Agrarwesen and Agrarpolitik, vol. II, pp. 342, 363 et 506, note.