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écrit Alfred Baudrillart, avec ces associations qui prennent dans chaque région un caractère particulier. »

On peut dire à peu près la même chose de l’Allemagne. Partout où les paysans ont pu résister au pillage de leurs terres, ils les ont conservées en propriété commune. Cet état de choses est prédominant dans le Würtemberg, le duché de Bade, le Hohenzollern, et dans la province hessoise de Starkenberg[1]. Les forêts communales sont, en général, très bien aménagées en Allemagne, et dans des milliers de communes le bois de charpente et le bois de chauffage sont partagés chaque année entre les habitants. La vieille coutume du Lesholztag est très répandue : lorsque sonne la cloche du village tous vont à la forêt et prennent autant de bois de chauffage qu’ils en peuvent porter[2]. En Westphalie, on trouve des communes dans lesquelles toute la terre est cultivée comme

    dignes d’exposer. La Société entreprit de payer la moitié des frais de transport et d’exposition ; un quart fut payé par chaque propriétaire et le dernier quart par ceux des exposants qui obtinrent des prix. Le résultat fut que beaucoup prirent part à l’exposition qui n’auraient jamais pu le faire autrement. Ceux qui ont obtenu les plus hautes récompenses (350 francs) ont donné 10 pour 100 de leurs prix, tandis que ceux qui n’ont pas eu de prix n’ont dépensé que 6 à 7 francs chacun. »

  1. Dans le Wurtemberg, 1.629 communes sur 1.910 ont des biens communaux. Elles possédaient en 1863 plus de 400.000 hectares de terres. Dans le duché de Bade, 1.256 communes sur 1.582 ont des terres communales ; en 1884-1888 elles possédaient 49.200 hectares de champs en culture communale et 273.000 hectares de forêts, c’est-à-dire 46 pour 100 de la surface totale des forêts. En Saxe, 39 pour 100 de la surface totale est propriété communale (Schmoller, Jabrbuch, 1886, p. 359). Dans le Hohenzollern, presque les deux tiers de toutes les prairies et dans le Hohenzollern-Hechingen, 44 pour 100 de tous les biens fonciers sont possédés par les communes villageoises (Buchenberger, Agrarwesen und Agrarpolitik, vol. I, p. 300).
  2. Voir K. Bücher, qui, dans un chapitre spécial ajouté à Ureigenthum de Laveleye, a réuni toutes les informations relatives à la commune villageoise en Allemagne.