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les maisons et rentrer les moissons, ainsi que pour toute espèce de travaux dont peut avoir besoin l’un des membres de la communauté ; habitude d’échanger des enfants d’un canton à l’autre, afin de leur faire apprendre deux langues, le français et l’allemand, etc. ; ce sont là des coutumes tout à fait habituelles[1] ; et les nouvelles exigences qui peuvent surgir sont accueillies dans le même esprit. Dans le canton de Glaris la plupart des prairies alpestres ont été vendues pendant une période de calamités ; mais les communes continuent encore d’acheter des champs, et lorsque les champs nouvellement achetés ont été laissés dans la possession de différents membres de la commune pendant dix, vingt ou trente ans, ils retournent après cela au fond commun, qui est redistribué suivant les besoins de chacun. Il se forme en outre un grand nombre de petites associations pour produire quelque-unes des nécessités de la vie — le pain, le fromage et le vin — par le travail commun, ne serait-ce que sur une petite échelle ; et la coopération agricole se répand en Suisse avec la plus grande facilité. Des associations de dix à trente paysans, qui achètent des prairies et des champs en commun et les cultivent comme co-propriétaires, se rencontrent fréquemment ; et quant aux crémeries coopératives pour la vente du lait, du beurre et du fromage, elles sont organisées partout. En effet, la Suisse a été le pays d’origine de cette forme de coopération. Elle offre, de plus, un immense champ pour l’étude de toutes sortes de petites et de grandes sociétés, formées pour la satisfaction de divers besoins modernes. Dans certaines parties de la Suisse, on trouve dans presque chaque village des associations pour la

  1. Les présents de noces, qui contribuent souvent matériellement en ce pays au confort des jeunes ménages, sont évidemment un reste des habitudes communales.