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zu sein), ils envoyaient des délégués à une autre cité pour obtenir cette sentence. La même chose se passait égaiement en France[1]  ; et l’on sait que Forli et Ravenne ont réciproquement naturalisé leurs citoyens et leur ont accordé tous leurs droits dans les deux cités. Il était aussi dans l’esprit de l’époque de soumettre une contestation soulevée entre deux villes, ou à l’intérieur d’une cité, à une autre commune prise comme arbitre[2]. Quant aux traités commerciaux entre cités, ils étaient tout à fait habituels[3]. Des unions pour réglementer la fabrication et la contenance des tonneaux employés dans le commerce des vins. des « unions pour le commerce des harengs » etc., n’étaient que les avant-coureurs de la grande fédération commerciale de la Hanse flamande, et plus tard de la grande Hanse de l’Allemagne du Nord, dont l’histoire à elle seule fournirait bien des pages donnant une idée de l’esprit de fédération qui caractérisait les hommes de cette époque. Nous avons à peine besoin d’ajouter que les cités du moyen âge ont plus contribué par les Unions hanséatiques au développement des relations internationales, de la navigation et des découvertes maritimes que tous les États des premiers dix-sept siècles de notre ère.

En résumé, des fédérations entre de petites unités territoriales, ainsi qu’entre des hommes unis par des travaux communs dans leurs guildes respectives, et des fédérations entre cités et groupes de cités constituaient l’essence même de la vie et de la pensée

  1. Luchaire, p. 149.
  2. Deux cités importantes comme Mayence et Worms cherchent à régler une contestation politique par l’arbitrage. A la suite d’une guerre civile qui se déclare dans Abbeville, Amiens agit en 1231, comme arbitre (Luchaire, 149), et ainsi de suite.
  3. Voir par exemple W. Stieda, Hansische Vereinbarungen, loc. cit., p. 114.