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naître le prix coûtant des marchandises et les frais de transport. Puis le maire de la ville et deux prud’hommes fixaient le prix auquel les marchandises devaient être vendues. » La même règle était en vigueur à Thurso pour les marchandises venant « par mer ou par terre ». Cette façon d’« établir le prix » répond si bien à la conception même du commerce tel qu’on le comprenait au moyen âge qu’elle doit avoir été presque universelle. C’était une très vieille coutume de faire établir le prix par un tiers ; et, pour tous les échanges à l’intérieur de la cité, c’était certainement une habitude très répandue de s’en rapporter pour les prix à des « prud’hommes » — à une tierce partie — et non au vendeur ni à l’acheteur. Mais cet état de choses nous ramène encore plus loin en arrière dans l’histoire du commerce, — à une époque où c’était la cité tout entière qui faisait le commerce de ses produits, où les marchands n’étaient que des commissionnaires, des commis de la cité, chargés de vendre les marchandises que la cité exportait. Une ordonnance de Waterford, publiée aussi par Ch. Gross, dit « que toute espèce de marchandises, de quelque nature qu’elles fussent... devaient être achetées par le maire et les baillis qui, étant acheteurs en commun [au nom de la ville] pour ce moment donné, devaient les répartir entre les hommes libres de la cité (exception faite des biens propres des citoyens libres et des habitants[1] ).

On ne peut guère expliquer cette ordonnance autrement qu’en admettant que tout le commerce extérieur de la ville était fait par ses agents, De plus nous avons

  1. « That all manere of marchandis what so everkynde they be of... shal be bought by the Maire and balives which bene commene biers for the time being, and to distribute the same on freemen of the citie (the propre goods of free citisains and inhabitants only excepted »