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fut achevé en 1071, et le beau dôme de Pise en 1063. En réalité le mouvement intellectuel qu’on a décrit sous le nom de Renaissance du XIIe siècle[1] et de Rationalisme du XIIe siècle — ce précurseur de la Réforme[2] — datent de cette époque, alors que la plupart des cités étaient encore de simples agglomérations de petites communes villageoises ou de paroisses enfermées dans une enceinte fortifiée.


Cependant, outre le principe de la commune villageoise, il fallait un autre élément pour donner à ces centres grandissants de liberté et de lumières, l’unité de pensée et d’action et l’initiative qui firent leur force aux XIIe et XIIIe siècles. La diversité croissante des occupations, des métiers et des arts et l’extension du commerce avec les pays lointains faisaient désirer une nouvelle forme d’union, et l’élément nécessaire pour cette union fut fourni par les guildes. On a écrit quantité d’ouvrages sur ces associations qui sous le nom de guildes, fraternités, amitiés ou droujestva, minne, artels en Russie, esnaifs en Serbie et en Turquie, amkari en Géorgie, etc., prirent un développement si considérable au moyen âge et jouèrent un rôle si important dans l’émancipation des cités. Mais il fallut plus de soixante ans aux historiens pour reconnaître l’universalité de cette institution et son vrai caractère. Aujourd’hui seulement, depuis que des centaines de statuts de guildes ont été publiés et étudiés et que l’on connaît leurs rapports d’origine avec les collegiæ romains et les anciennes unions de la Grèce et de l’Inde[3], nous

  1. F. Rocquain, « La Renaissance au XIIe siècle » dans les Études sur l’histoire de France, Paris, 1875, pp. 55-117.
  2. N. Kostomaroff, Les rationalistes du XIIe siècle, dans ses « Monographies et Recherches » (en russe).
  3. On trouvera des faits très intéressants relatifs à l’universalité