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tuelle chez les Aryens, les Oural-Altaïens, les Mongols, les Nègres, les Peaux-Rouges, les Malais et les Mélanésiens que nous pouvons la considérer comme une forme de l’agriculture primitive qui, sans être la seule possible, fut une forme universelle[1].

La culture en commun n’implique pas cependant nécessairement la consommation en commun. Déjà sous le régime des clans nous voyons souvent que lorsque les bateaux chargés de fruits ou de poissons rentrent au village, la nourriture qu’ils rapportent est partagée entre toutes les huttes et les « longues maisons », habitées, soit par plusieurs familles, soit par les jeunes gens ; cette nourriture est cuite séparément à chaque foyer. Ainsi l’habitude de prendre les repas dans un cercle plus intime de parents ou d’associés existait déjà à la période de l’organisation par clans. Elle devint la règle dans la commune du village. Même la nourriture produite en commun était généralement divisée entre les différentes maisons après qu’une partie avait été mise de côté pour l’usage communal. Toutefois la tradition de repas en commun fut pieusement conservée. On profita de toute occasion, telle que la commémoration des ancêtres, les fêtes religieuses, le commencement et la fin des travaux des champs, les naissances, les mariages et les funérailles,

    Montrosier, dans le Bulletin de la Société d’Anthropologie, 1870 ; Post, Studien, etc.

  1. Un certain nombre d’ouvrages, par Ory, Luro, Laudes et Sylvestre sur la commune villageoise dans l’Annam, analysés par M. Jobbé-Duval, dans la Nouvelle Revue historique de droit français et étranger, octobre et décembre 1896, montrent que la commune avait en ce pays la même forme qu’en Allemagne ou en Russie. Une bonne étude de la commune villageoise au Pérou, avant l’établissement du pouvoir des Incas, a été publiée par Heinrich Cunow (Die Soziale Verfassung des Inka Reichs, Stuttgart, 1896). La possession de la terre en commun et la culture en commun sont décrites dans cet ouvrage.