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mots en parlant d’eux. Les Dayaks n’ont généralement qu’une femme et ils la traitent bien. Ils sont très sociables, et chaque matin le clan entier sort pour pêcher, chasser ou jardiner en bandes nombreuses. Leurs villages consistent en grandes huttes, chacune d’elles est habitée par une douzaine de familles et quelquefois par plusieurs centaines de personnes, vivant pacifiquement ensemble. Ils montrent un grand respect pour leurs femmes et ils aiment beaucoup leurs enfants ; quand l’un d’eux tombe malade, les femmes le soignent chacune à leur tour. En général ils mangent et boivent d’une façon très modérée. Tel est le Dayak dans sa vraie vie de chaque jour.


Ce serait une fatigante répétition que de donner plus d’exemples de la vie sauvage. Partout où nous allons nous trouvons les mêmes habitudes sociables, le même esprit de solidarité. Et quand nous nous efforçons de pénétrer dans la nuit des temps lointains, nous trouvons la même vie du clan, les mêmes associations d’hommes, quelque primitifs qu’ils soient, en vue de l’entr’aide. Darwin avait donc tout à fait raison lorsqu’il voyait dans les qualités sociales de l’homme le principal facteur de son évolution ultérieure, et les vulgarisateurs de Darwin sont absolument dans l’erreur quand ils soutiennent le contraire.


Le peu de force et de rapidité de l’homme (écrivait Darwin), son manque d’armes naturelles, etc., sont des défauts plus que contre-balancés, premièrement par ses facultés intellectuelles [lesquelles, remarque-t-il ailleurs, ont été principalement ou même exclusivement acquises pour le bénéfice de la communauté] ; et secondement par ses

    in Archipelagic India, cité par Élisée Reclus dans la Géographie universelle, XIII.