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Certainement, il est extrêmement intéressant de tracer comment les changements économiques intervenus pendant ces cinq siècles, comment le commerce lointain, l’exportation, la création de la banque et les emprunts communaux, les guerres, la colonisation et les germes de production sous la conduite d’un entrepreneur capitaliste, se substituent à la production, la consommation et le commerce communaux — il est très intéressant, disons-nous, de tracer comment ces divers et nombreux facteurs économiques influaient sur les idées dominantes du siècle. De superbes recherches dans ce sens ont été disséminées, en effet, par les historiens des communes dans leurs œuvres, de même que quelques recherches (beaucoup plus difficiles, cependant, et toujours hétérodoxes) sur l’influence des idées dominantes, chrétiennes et romaines se trouvent aussi disséminées dans ces œuvres. Mais il serait tout aussi faux et antiscientifique d’attribuer une influence exagérée, déterminante, au premier de ces facteurs, comme il serait faux en botanique de dire que la somme de chaleur reçue par une plante détermine seule ou surtout sa croissance, et d’oublier l’influence de la lumière ou de l’humidité. D’autant plus faux s’il s’agissait de préciser les facteurs qui déterminent les variations dans telle espèce.

Ce court aperçu historique permet déjà d’apercevoir jusqu’à quel point l’institution pour la vengeance sociétaire, nommée justice, et l’État sont deux institutions corrélatives, se supportant mutuellement, s’engendrant l’une l’autre et historiquement inséparables.

Mais il suffirait aussi d’une calme réflexion pour comprendre combien les deux sont logiquement inséparables ; combien toutes deux ont une origine commune dans un même cercle d’idées sur l’autorité veillant à la sécurité de la société et exerçant ven-