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urique. Ce raisonnement trop absolu ne répondait aucunément aux lois de la physiologie. En effet, tous les aliments, dits aliments respiratoires, par opposition aux précédents, tels que le pain, le sucre, la graisse, les pommes de terre, les fruits, contiennent de la matière albuminoïde en une certaine proportion ; ces substances sont du reste d’une nécessité absolue pour former la trame de nos tissus. Plutôt que d’éviter donc l’introduction des aliments azotés, ce qui est d’abord impossible et ensuite peu pratique, il est plus raisonnable de les mieux utiliser, de faire en sorte que ceux-ci soient plus complètement transformés et convertis en produits normaux et terminaux de l’échange organique. Ensuite, il faut considérer que, lorsqu’on se nourrit exclusivement d’aliments azotés, ceux-ci doivent évidemment servir à la calorification, et requièrent une quantité bien plus grande d’oxygène pour leur combustion que les carbures hydriques : farine, sucre, graisse, auxquels ce rôle incombe plus spécialement dans l’alimentation mélangée. Les aliments respiratoires épargnent donc l’albumine et facilitent indirectement la formation d’acide urique. Ces considérations physiologiques associées aux faits cliniques, ont déterminé un de nos plus grands chefs de clinique modernes, le professeur Cantani de Naples, à introduire des changements radicaux dans le régime des goutteux. Voici sommairement ce régime, dont les bons résultats ont déjà obtenu la sanction de l’expérience :

1o Réduire d’une façon absolue la quantité de nourriture et ne manger tout juste que pour apaiser la faim ; réduire le sommeil à un minimum et prendre le plus d’exercice possible.

2o Se nourrir exclusivement de viande, poisson, œufs, bouillon dégraissé, et user surtout de légumes verts : laitues, endives, bourrache, chicorée, cresson, pissenlit, etc., qui renferment peu de sucre et d’amidon, mais beaucoup de sels alcalins.