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quand il travaille beaucoup, qu’il use son corps et fatigue son cerveau, peut bien manger et passablement boire, sans avoir la goutte. Mais celui qui, tout en buvant et en mangeant bien, dort longtemps et travaille peu, risque fort de l’avoir, surtout s’il est doué d’un tempérament phlegmatique, d’une vitalité inférieure. La goutte est alors acquise par le genre de vie. Aussi la goutte est-elle exceptionnellement rare chez les femmes, parce que la menstruation, la maternité et la lactation ouvrent de larges écluses pour le surplus de matières nutritives qui pourraient s’accumuler dans le corps.

Voilà, au point de vue théorique, la thérapie préventive de la goutte. Quant au point de vue pratique, c’est-à-dire, dès qu’il s’agit de la maladie confirmée, il convient de remarquer que les médicaments, les drogues ne servent pas à grand chose.

Les cures aux eaux sont déjà plus efficaces, surtout quand la goutte, après avoir pendant des années maltraité le corps, est arrivée à la période atonique, à la cachexie. Ce ne sont pas les cures affaiblissantes de Carlsbad, de Vichy qui sont alors indiquées ; il faut au contraire une eau comme la nôtre, tonique, stimulante. Le principe même de la goutte étant plutôt une débilité organique, et non pas un excès de santé, comme le monde se le figure trop aisément, on s’explique facilement les résultats obtenus à Mondorf.

Cependant, c’est le régime qui est le point capital dans le traitement de la goutte, et qui constitue la véritable panacée de ce mal. À toutes les époques, on avait compris l’utilité, la nécessité d’un régime spécial ; mais surtout depuis qu’on eut trouvé que c’était l’acide urique qui était le trouble-fête dans toutes les manifestations de cette diathèse, on se disait tout de suite, qu’en évitant dans la nourriture les aliments azotés ou plastiques : la viande, les œufs etc., on enlèverait à l’organisme la matière première pour fabriquer de l’acide