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à son ami l’Arétin, a tracé l’histoire. D’ailleurs, le moyen-âge n’a apporté rien de nouveau à la médecine, sauf ses idées mystiques. Comment notre science eût-elle pu avancer alors que la chimie s’amusait à découvrir l’art de faire de l’or, et que la jurisprudence travaillait avec un zèle digne d’une meilleure cause à révéler aux juges un moyen de reconnaître l’affreux crime de sorcellerie ? Les pratiques médicales de ce temps étaient tout aussi grotesques : à Carlsbad par exemple, on ne buvait point d’eau ; mais il fallait rester pendant plusieurs heures au bain, jusqu’à ce que, grâce à l’irritation produite par les sels, la peau fût entièrement couverte d’éruptions et d’ulcérations. Cela s’appelait la «Fresscur» (cure rongeante), et le patient n’était content que quand il avait vu apparaître ces signes indubitables de l’action de l’eau.

Depuis la Renaissance, surtout grâce aux études anatomiques, remises en honneur par Vésale et ses successeurs, l’emploi des eaux devint un peu plus judicieux. Ainsi nous voyons Jean d’Albret, le grand’père d’Henri IV, conduire ses Béarnais, blessés à la bataille de Pavie, aux eaux de Barèges, qui ont depuis gardé leur renom pour le traitement des blessures guerrières. Vers le milieu du XVIIe siècle, la découverte du sulfate de soude (sel admirable de Glauber), du bicarbonate de soude, ainsi que de l’acide carbonique (gaz sylvestre de Van Helmont), puis enfin la découverte de la circulation du sang par Harvey, imprimèrent quelque mouvement à la science balnéaire. Pourtant la cure aux eaux présentait bien des côtés étranges, qui nous font