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volumineuses, les tophi, qui se trouvent aux articulations des goutteux, la nature de cette affection, étudiée avec une grande prédilection par les savants les plus illustres des temps anciens autant que de notre époque, a été déterminée avec une précision remarquable. Il s’agit d’une production exagérée d’acide urique dans le sang et dans les humeurs, lequel, dans certaines conditions, se précipite dans les articulations, les ligaments, les gaines tendineuses, et y occasionne les accès caractéristiques si douloureux, phénomène que Thompson a désigné pittoresquement comme un « orage d’acide urique ». Cette matière est une substance azotée, et constitue un degré intermédiaire dans la transformation chimique des aliments azotés, albuminoïdes, qui, comme on sait, quittent l’organisme, quand leur rôle est accompli, sous forme d’urée. Quant à sa valeur physiologique, l’acide urique est un composé qui n’est pas arrivé à maturité, un produit incomplètement élaboré, qui, par suite d’une oxydation insuffisante, a été arrêté à un degré de combustion organique inférieur à celui de l’urée, auquel il devrait cependant atteindre selon les lois de la physiologie humaine. On se trouve donc en présence d’une véritable dyscrasie, d’une anomalie fonctionnelle des éléments histologiques du corps, d’une action chimique insuffisante, qui n’est pas capable de transformer d’une façon normale les aliments albuminoïdes introduits en quantité normale ou exagérée. Trois facteurs sont ici à prendre en considération : 1o L’hérédité, dont l’influence est incontestable. 2o La quantité de nourriture. 3o L’usure du corps.

Un sujet qui descend d’une famille de goutteux, pourra s’attendre avec la plus grande probabilité à l’apparition précoce des accidents goutteux, s’il ne se décide pas à réduire la quantité alimentaire à un minimum et à pousser en même temps à l’extrême les dépenses de son organisme.

Celui qui n’a pas de goutteux parmi ses ascendants,