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de bismuth, consent à reprendre son utile office sous l’action d’une eau alcaline ou chlorurée ; le rhume le plus tenace, que ni Guyot ni Géraudel n’ont pu déconcerter, s’évanouit sous l’effet de la douche et d’une série de gobelets d’eau d’Ems ou de Vichy. Ces faits de cures presque merveilleuses, obtenues par un séjour aux eaux, sont très nombreux et à l’abri de tout soupçon. Depuis les temps les plus reculés, en effet, jusqu’à nos jours, les savants ont continuellement pu les enregistrer. L’explication de ces effets surprenants a vivement préoccupé les esprits ; mais l’interprétation n’en a pas manqué d’être aussi variée que singulière, selon les différentes époques de la civilisation.

Dans notre situation actuelle, où les sciences naturelles illuminent d’un si vif éclat tant de choses obscures pour nos devanciers, il n’est pas superflu de jeter un coup d’œil sur les siècles passés. La science balnéaire est vieille comme le monde : on l’a pratiquée bien longtemps avant qu’on ait eu la moindre notion du thermomètre, du microscope et de l’analyse chimique ; car l’homme, aux époques les plus reculées de l’histoire, était avant tout l’esclave de la nécessité, du besoin, et il tâchait de retrouver la santé par tous les moyens. La balnéation fut donc, à ses débuts, une médication tout à fait empirique ; elle s’est développée des origines les plus humbles, en se basant sur des faits qu’un simple hasard avait mis en évidence.

Les peuples classiques de l’antiquité, les Grecs surtout, dont le goût esthétique fut si prononcé, si délicat, attribuaient aux éléments une grande influence