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tainement un obstacle futile ; bien des enfants prennentnotre eau avec le plus grand plaisir, la préfèrent même à l’eau ordinaire. Ensuite il faut que, une fois acclimatisé à la source, l’on prenne une dose convenable, que j’estime de trois à six gobelets (un demi à un bon litre) pour un adulte. Le temps est passé où l’on prétendait obtenir avec une demie once des succès marqués ; il faut raisonnablement proportionner la quantité d’eau à l’intensité des phénomènes morbides qu’il s’agit de combattre. On n’a que trop souvent le malheur de rencontrer, surtout à Mondorf, une singulière obstination à prendre l’eau minérale à une dose active. Tel patient ne peut pas supporter les ferrugineux ; telle dame a une répugnance invincible pour le goût, pour l’odeur de l’eau minérale ; enfin il y a des incompatibilités les unes plus subtiles et plus vaines que les autres. La galanterie est hors de saison dans tous ces cas, et la science devrait seule avoir le dernier mot dans cette affaire. Fort malencontreusement il se trouve des confrères qui, au détriment de leurs propres intérêts, s’inclinent devant ces prétentions ineptes. Ils sont à peu près de la force de ce courtisan qui, interrogé par Louis XIV sur l’époque probable à laquelle sa femme allait accoucher, répondit sans sourciller : «Quand cela plaira à Votre Majesté !»

J’ai toujours pu remarquer que des personnes qui pouvaient absorber des quantités prodigieuses, ont recueilli très rapidement un succès remarquable. Cela ne doit pas étonner, quand on réfléchit qu’un litre de notre eau contient environ 15 grammes (ou en volume deux grandes cuillers) de substances salines, et qu’une telle solution représente une quantité notable de médicament. Si l’on tient donc à prendre une grande portion d’eau, il faut que le patient se lève de bonne heure pour commencer sa cure, ou bien qu’il sacrifie son premier déjeûner, et qu’il attende jusqu’au second déjeûner, comme c’est l’habitude française, que l’on ne saurait