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sévérance dans le traitement. Il s’y trouve dans cette enviable situation d’un député, dont le parti possède la majorité au parlement, d’un homme qui se sent réconforté par l’assurance qu’il s’appelle légion : Solamen miseris socios habuisse dolorum ! J’ai vu à Mondorf se fonder bien des amitiés sérieuses, se nouer des relations qui ont été cultivées et entretenues dans la suite inaltérablement ; et j’ai vu quitter, les larmes aux yeux, des baigneurs qui y étaient arrivés avec la triste et sincère conviction de devoir passer vingt-et-un jours remplis d’ennui et de monotonie, dans un hôpital champêtre.

L’administration actuelle n’a rien négligé pour rendre le séjour de Mondorf aussi agréable que possible, et pour offrir aux baigneurs tout ce que l’homme civilisé peut considérer comme désirable ou indispensable à l’existence, tout ce qui est devenu aujourd’hui une habitude impérieuse pour l’habitant des grandes villes. Une salle de lecture offre un riche choix de journaux, de publications, de livres d’actualité ; une bibliothèque, à leur disposition, fournit aux amateurs de lecture, des livres pour satisfaire leur goût littéraire, scientifique ou romanesque. La musique militaire de Luxembourg, dont la réputation n’est plus à faire, donne des concerts choisis plusieurs fois par semaine. Il y a en dehors de cela, des séances de musique au Kursaal, des bals, des sauteries pour ceux des baigneurs que leurs infirmités n’obligent pas à renoncer au culte de Terpsichore.

Pour les personnes qui éprouvent le désir d’un exercice plus soutenu, d’un passe-temps plus hygiénique, la pêche et la chasse offrent des distractions fort agréables. Le pays de Mondorf est très giboyeux et la Ganer est remplie de poissons. La Moselle, qu’on a tout près, a été chantée il y a quinze cents siècles déjà, par Ausone, pour l’excellence de ses poissons. Le poète bordelais, qui paraît avoir été aussi délicat gourmet que bon poète, consacre dans sa « Mosella » tout un chapitre aux