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ponctuellement mes ordonnances. Après quelques jours, le vieux Jean, le Nestor de notre personnel balnéaire, qui se targuait de posséder le coup d’œil médical, vint me dire confidentiellement qu’il ne désespérait pas du sujet qu’on avait confié à ses soins spéciaux. Je dus en effet reconnaître que maître Jean ne s’était point trompé et que le bonhomme virait évidemment vers une meilleure situation. L’amélioration fit des progrès évidents et encouragea le patient et le médecin à persévérer dans leurs efforts. Au bout d’un mois, cet homme était revenu et se trouvait en possession d’un bon appétit et de poumons fonctionnant d’une façon satisfaisante Les autres symptômes subirent dans la suite une modification très heureuse, de sorte qu’au bout de six mois cet homme put se considérer comme entièrement guéri. J’eus l’occasion de revoir ce patient quatre ans plus tard, par un de ces hasards qui rapprochent les hommes. Je ne le reconnus point : il fallut qu’il me rappelât son nom et les péripéties de notre première rencontre, et j’eus quelque peine à reconnaître dans ce type plein de santé, la triste apparition dont j’avais gardé le souvenir. Il s’était remarié et il me présenta avec un légitimé orgueil sa jeune épouse et deux superbes rejetons.

4. — Mlle  R....., 26 ans, d’un tempérament quelque peu lymphatique, requit mes conseils pendant le terrible hiver de 1879 à 1880, pour une affection phthisique du poumon gauche. L’amaigrissement avait déjà fait des progrès sérieux ; l’appétit manquait tout-à fait, et l’expectoration était souvent mélangée de sang. Il y avait quotidiennement des attaques de fièvre suivies de transpiration. Le père ainsi qu’une sœur étaient morts de phthisie l’année auparavant, et elle avait depuis six mois inutilement fait usage de médicaments habituels. J’instituai d’abord un traitement médicamenteux et hygiénique à la fois, et je me rappelle notamment que, durant le temps le plus froid de cet hiver mémorable, la patiente dormait, la fenêtre ouverte. La docilité avec laquelle elle se soumettait à ces prescriptions rigoureuses, venait naturellement des tristes évènements de famille dont elle avait été témoin. Nous eûmes chance d’obtenir assez rapidement la cessation de la fièvre et le retour de l’appétit, et, quand le printemps fut venu, notre patiente s’empressa de venir s’installer à Mondorf. La toux la tourmentait beaucoup, et le séjour dans la salle au gaz azote fut suivi d’un effet calmant remarquable. L’usage interne de l’eau minérale fit développer un appétit extraordinaire. Pendant l’été les symptômes généraux et locaux du mal s’évanouissaient peu à peu, et Mlle  R. voyait revenir insensiblement la santé, dont elle avait joui auparavant.

FIN.