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nière manière de voir, et j’opine qu’il faut, dans tous les cas, donner de fortes doses, les maxima, si possible. Le problème thérapeutique se résume en ceci : Tuer le microbe et ses produits, sans tuer le malade ! Il est un fait que des doses ordinaires ne produisent pas d’effet du tout ; car il faut évidemment que les doses actives obtiennent la destruction certaine du parasite, que cette action soit poussée aussi loin que possible et qu’elle ne soit arrêtée que par l’intolérance manifeste et absolue de l’organisme. Les bourdonnements d’oreille, l’agitation, le catarrhe stomacal aigu, etc, ne peuvent pas valoir pour de véritables contre-indications. D’un autre côté, il faut choisir, pour l’absorption de quantités fortes, d’autres voies que l’estomac, dont l’intégrité n’est pas d’une mince importance dans la réussite. Deux à trois grammes de quinine, 12 à 15 grammes de salicylate de soude, administrés tantôt par la bouche, tantôt par voie de lavements ou d’injections sous-cutanées, sont indispensables, si l’on veut se mettre à la hauteur de la tâche, et ne pas se contenter d’une intervention virtuelle.

Quand je vois de pauvres phthisiques avaler consciencieusement le soir leurs 20 ou 30 centigrammes de quinine, je ne puis m’abstenir de songer à ce brave campagnard qui avait avalé le chiffon de papier, sur lequel le médecin avait couché ses hiéroglyphes ; ce n’est guère plus que le nom d’un médicament que l’on s’incorpore avec des doses pareilles ! L’essentiel du traitement germicide sera donc de prendre des doses efficaces, maximales, et présentées sous une forme qui n’offense point les fonctions digestives.

Je me rappellerai toujours avec un certain plaisir le premier cas de ma pratique. C’était une phthisie typique : Deux sœurs mortes de consomption comme antécédents ; une infiltration étendue au sommet du poumon gauche ; fièvre hectique, amaigrissement, sueurs nocturnes : bref, rien ne manquait au tableau. Le mé-