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le miracle de purun bhagat

parce qu’il se cherchait une loi pour lui-même. Puis il continua sa route, et dormit cette nuit-là dans une hutte vide, à Chota Simla, un endroit où l’on se croirait au bout de la terre : mais ce n’était que le commencement de son voyage.

Il suivit la route du Thibet à travers l’Himalaya, la petite voie de dix pieds de large, taillée à coups de mine dans le roc vif, ou soutenue par des poutres en surplomb au-dessus d’abîmes de mille pieds, qui plonge par moments dans d’étroites vallées, humides et chaudes, et, à d’autres, grimpe à travers les croupes déboisées de collines herbeuses où le le soleil tape comme les rayons d’une lentille ; ou bien qui circule à travers des forêts sombres dont les feuilles s’égouttent, dont les arbres, du pied au sommet, sont vêtus de fougères parasites, où le faisan, au printemps, appelle sa compagne. Il rencontra des bergers thibétains avec leurs chiens et leurs troupeaux, chaque mouton portant sur le dos un petit sac de borax ; des bûcherons nomades ; des Lamas du Thibet, enveloppés de manteaux et de couvertures, parcourant l’Inde en pèlerins ; des envoyés de petits États perdus dans la montagne, qui brûlaient la poste sur des poneys zébrés ou pie ; la cavalcade d’un rajah en visite. Ou bien, il res-