Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/348

Cette page a été validée par deux contributeurs.
339
la course de printemps

C’est cela, le bruit du printemps — cette vibration intense qui ne vient ni des abeilles, ni des cascades, ni du vent dans les cimes, mais qui est simplement le voluptueux murmure du monde réjoui dans la tiédeur et la lumière.

Avant cette année-là, Mowgli avait toujours pris plaisir aux changements de saisons. C’était lui qui, généralement, découvrait le premier Œil-du-Printemps enfoui sous les herbes, et la première bande de ces nuages printaniers qui ne ressemblent à rien d’autre dans la Jungle. On pouvait entendre sa voix, dans toutes sortes d’endroits humides pleins de fleurs et de clartés d’étoiles, renforçant le chorus des grosses grenouilles, ou moquant les petites chouettes qui huent dans les nuits blanches.

À l’exemple de ses sujets, le printemps était la saison où il opérait de préférence ses escapades — parcourant, pour l’unique joie de fendre en courant l’air tiède, trente, quarante ou cinquante milles entre le crépuscule et l’étoile du matin. Puis il revenait, essoufflé, riant et couronné de fleurs étranges. Les Quatre ne le suivaient pas dans ces folles randonnées à travers la Jungle, mais s’en allaient chanter des chansons avec d’autres loups. Les habitants de la Jungle sont très affairés au printemps, et Mowgli