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chien rouge

Le cri retentit de nouveau, moitié sanglot, moitié éclat de rire, absolument comme si le Chacal avait de flexibles lèvres humaines. Alors Mowgli respira profondément, et prit sa course vers le Rocher du Conseil, joignant sur sa route nombre de loups du Clan qui arrivaient en hâte. Phao et Akela siégeaient ensemble sur le Rocher, et, au-dessous d’eux, chaque nerf tendu, se tenaient assis les autres. Les mères et les louveteaux regagnaient au petit galop leurs liteaux ; car, lorsque le Pheeal résonne, ce n’est pas le moment, pour les faibles, de rester dehors.

Ils n’entendaient plus rien que le glouglou de la Waingunga dans l’obscurité et les vents du soir parmi les hautes branches, quand, tout à coup, de l’autre côté de la rivière, s’éleva l’appel d’un loup. Ce n’était pas un loup du Clan, car ceux-ci entouraient tous le Rocher. L’appel se changea en un long aboiement désespéré : « Dhole ! » disait-il, « Dhole ! Dhole ! Dhole ! » Au bout de quelques minutes ils entendirent un bruit de pas fatigués sur les roches, et un loup décharné, tout dégouttant d’eau, les flancs rayés de rouge, la patte droite de devant hors de service, les mâchoires blanches d’écume, se jeta au milieu de l’assemblée et vint se coucher, haletant, aux pieds de Mowgli.