Page:Kipling - Le Second Livre de la jungle.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
104
le second livre de la jungle

— Il ne me croit pas, lui ; mais toi, tu me crois, n’est-ce pas ?

— Oui, sûrement, mon fils. Homme, fantôme, ou loup de la Jungle, je te crois.

— Il aura peur, lui, quand il entendra mon peuple chanter. Toi, tu sauras et tu comprendras. Allez maintenant, et doucement, car il est inutile de se dépêcher : les barrières sont closes.

Messua se jeta en sanglotant aux pieds de Mowgli, mais il la releva vivement avec un frisson. Alors, elle se pendit à son cou en lui donnant tous les noms de tendresse et de bénédiction qu’elle pouvait retrouver, pendant que son mari, couvrant ses propres champs d’un regard d’envie, disait :

Si nous atteignons Kanhiwara, et que j’arrive à l’oreille des Anglais, je ferai au Brahmane, au vieux Buldeo et aux autres un procès qui mangera ce village jusqu’aux os. Ils me paieront deux fois mes champs en friche, et mes buffles mal nourris. Je veux une grande justice.

Mowgli se mit à rire :

— Je ne sais pas ce que c’est que votre justice mais… revenez aux Pluies prochaines voir ce qui restera.