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Kala Nag reposa Petit Toomai sur le sol, et l’enfant salua de nouveau très bas, s’en alla avec son père, et donna la pièce d’argent de quatre annas à sa mère qui nourrissait un dernier né. Puis toute la famille prit place sur le dos de Kala Nag, et la file d’éléphants, grognant, criant, se déroula le long du chemin de la montagne, vers la plaine. C’était une marche très animée, à cause des nouveaux éléphants, qui causaient de l’embarras à chaque gué, et qu’il fallait flatter ou battre toutes les deux minutes.

Grand Toomai menait Kala Nag avec dépit, car il était fort mécontent. Quant à Petit Toomai, il était trop heureux pour parler : Petersen Sahib l’avait remarqué et lui avait donné de l’argent ; aussi éprouvait-il ce qu’éprouverait un simple soldat appelé hors des rangs pour recevoir des éloges de son commandant en chef.

— Qu’est-ce que veut dire Petersen Sahib avec la danse des éléphants ? demanda-t-il enfin doucement à sa mère.

Grand Toomai l’entendit et grommela :

— Que tu ne seras jamais un de ces buffles-de-montagne de traqueurs. Voilà ce qu’il voulait dire… Hé ! là-bas, vous, en tête, qu’est-ce qui barre la route ?