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ce coup-là, et qu’est-ce qui est arrivé à ton nez ?

— Le Crocodile, qui demeure sur les berges du grand fleuve Limpopo, lequel est comme de l’huile et gris-vert, m’en a fait cadeau d’un neuf, dit l’Enfant d’Éléphant. Je lui ai demandé ce qu’il avait pour dîner, et il m’a donné ça comme souvenir.

— C’est vilain, dit son oncle poilu le Babouin.

— Peut-être, dit l’Enfant d’Éléphant, mais pourtant c’est commode.

Et, saisissant son oncle poilu le Babouin par une jambe, il le déposa dans un nid d’abeilles.

Alors ce méchant Enfant d’Éléphant se mit à cogner toute son excellente famille tant et plus, au point qu’ils finirent par avoir très chaud et à se sentir fort étonnés.

Il arracha à sa grande tante l’Autruche les plumes de sa queue ; il prit son autre tante la Girafe par une jambe de derrière et la traîna par un buisson d’épines ; il fit des peurs à son oncle l’Hippopotame en lui soufflant des bulles dans l’oreille, pendant qu’il faisait la sieste dans l’eau ; mais il ne laissa personne toucher à l’oiseau Kolokolo.

À la fin, cela chauffa tellement que toute sa chère famille partit à la queue leu leu vers les berges du grand fleuve Limpopo qui est comme de l’huile, gris-vert et tout bordé d’arbres à fièvre, pour faire au Crocodile l’emprunt de nouveaux nez. Quand ils revinrent, per-