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— Hum ! dit le Léopard. Je ne voudrais pas ressembler à Zèbre, pas pour rien au monde.

— Eh bien, décide-toi, dit l’Éthiopien, parce que ça me déplairait de chasser sans toi ; mais il le faudra, si tu persistes à ressembler à un tournesol contre une palissade au coaltar.

— Va pour des taches, donc, dit le Léopard ; mais pas trop grandes. C’est commun. Je ne voudrais pas ressembler à Girafe, pas pour rien au monde.

— Je vais les faire du bout des doigts, dit l’Éthiopien. Il reste assez de noir sur ma peau pour cela. Amène-toi.

Alors l’Éthiopien mit ses cinq doigts ensemble (il restait encore beaucoup de noir qui n’avait pas séché sur sa peau neuve), et il en appuya le bout partout sur le Léopard, et chaque fois que les cinq doigts appuyaient, ils laissaient cinq petites marques noires tout près les unes des autres. On peut les voir sur la peau de n’importe quel Léopard, Mieux Aimée. Quelquefois, les doigts glissaient et les marques se brouillaient ; mais les cinq taches y sont toujours, sur tous les Léopards.

— Oh ! qu’il est beau ! dit l’Éthiopien. Maintenant, tu peux t’étendre sur le sol nu et te faire prendre pour un tas de pierraille. Tu peux te vautrer sur les rochers nus et on dirait un bloc de glaise à cailloux. Tu peux t’allonger le long d’une branche feuillue et paraître