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grand Camphrier qu’on appelait le Camphrier de Suleiman-bin-Daoud.

Mais Balkis se cacha parmi les hauts iris et les bambous tachetés et les roses rouges, derrière le Camphrier, afin de ne point quitter son amour unique et fidèle, Suleiman-bin-Daoud.

Bientôt, deux papillons arrivèrent, voletant à l’ombre de l’arbre, et ils se disputaient.

Suleiman-bin-Daoud entendit l’un dire à l’autre :

— J’admire votre présomption d’oser me parler de la sorte. Ne savez-vous pas que si je tapais du pied, tout le palais de Suleiman-bin-Daoud et ce jardin où nous sommes disparaîtraient soudain dans un coup de tonnerre ?

Alors, Suleiman-bin-Daoud oublia ses neuf cent quatre-vingt-dix-neuf horripilantes femmes et rit, à faire trembler le Camphrier, en entendant le papillon se vanter ainsi. Puis il tendit le doigt et dit :

— Petit bonhomme, viens ici.

Le Papillon eut terriblement peur, mais il trouva moyen de voleter jusqu’à la main de Suleiman-bin-Daoud et s’y posa tout en s’éventant, car il faisait chaud. Suleiman-bin-Daoud pencha la tête et murmura tout bas :

— Petit bonhomme, tu sais que tous tes tapements de pied ne courberaient pas un brin d’herbe. Qui t’a