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retourner à Perak et c’est très long à la pagaie. Si nous avions attendu que Pau-Amma fût sorti et rentré à Pusat-Tasek, l’eau nous aurait porté là toute seule.

— Tu es paresseux, dit l’Aîné des Magiciens. Ainsi seront tes fils.

Et il leva son doigt vers la lune et dit :

— Ô Pêcheur ! voici un homme qui est trop paresseux pour retourner à la pagaie chez lui. Ramène sa pirogue avec ta ligne, Pêcheur.

— Non, dit l’Homme. Puisque je dois être paresseux toujours, que la Mer travaille pour moi deux fois le jour, à jamais. Cela m’épargnera de ramer.

Et l’Ainé des Magiciens rit et dit ;

Payah kun.

Et le Rat de la Lune cessa de ronger la ligne ; et le Pêcheur la laissa filer jusqu’à toucher la Mer et il tira au bout de sa ligne toute la Mer profonde, passé l’île de Bintang, passé Singapour, passé Malacca, passé Selangor, jusqu’à ce que la pirogue glissât de nouveau dans l’embouchure du fleuve Perak.

Kun ? dit le Pêcheur de la Lune.

Payah kun, dit l’Aîné des Magiciens. Veille bien, à présent, à tirer la mer deux fois le jour et deux fois la nuit, pour toujours, de manière que les pêcheurs de Malaisie n’aient point à pagayer. Mais fais attention à ne pas la