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dée, et se mirent à la suite d’un gros ventru de voilier de fer à quatre mâts, lourd comme une charretée de foin.

La jonque, qui était en vérité un bateau fort sensible au temps, et pouvait avoir débuté dans l’existence en qualité de pirate à son compte en Annam quarante ans plus tôt, suivit sous petite voilure ; car le quatre-mâts n’entendait courir aucuns risques. Il était dans les mains de Mac Ewan, et allait se dandinant telle une poule couveuse, faisant à chaque banc de larges concessions. Tout cela se passait près du Feu Flottant le plus éloigné, à quelque cent vingt milles de Calcutta, et manifestement en pleine mer.

Jim connaissait l’appétit du vieux Mac Ewan, et l’avait souvent entendu se glorifier d’amener son bateau au brick des pilotes presque à l’heure des repas, aussi raisonna-t-il que si le brick des pilotes était abordable (et Jim lui-même n’avait pas ombre d’idée où il était), Mac Ewan le trouverait avant une heure de l’après-midi.

C’était par un jour flambant de chaleur, et Mac Ewan poussa pas à pas le quatre-mâts jusqu’au « Récif des Pilotes » avec le peu de vent qui restait, et pour certain le brick des pilotes