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qu’elles (Sœur Marguerite releva d’un mouvement vif son menton volontaire vers les étoiles) étaient sur le point de disparaître. Alors nous les grands nous nous en allions à la chasse aux lézards — et aux serpents, aux oiseaux et aux mille-pattes et toutes sortes de choses amusantes. Notre père les collectionnait. Il nous donnait une demi-couronne pour un spuugh-slange — une espèce de serpent. Vous comprenez ?

— Quel âge aviez-vous ? »

La chasse aux serpents ne se présentait pas à l’esprit du Capitaine comme un amusement sans danger pour la jeunesse.

« J’avais alors onze ans — ou dix, peut-être, et les petits en avaient deux ou trois. Pourquoi ? Puis nous revenions manger, et nous restions assis sous un rocher tout l’après-midi. Il faisait chaud, vous comprenez, et nous jouions — nous jouions avec les pierres et les fleurs. Il faudrait que vous voyiez notre Karroo au printemps ! Rien que fleurs ! Nos fleurs ! Puis nous rentrions à la maison portant les petits sur notre dos, endormis — nous rentrions dans l’obscurité — juste comme ce soir. C’était cela notre jour à nous ! Oh, les bons jours ! Nous regardions