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— Je suis petit et vous êtes grand, dit Adam entre ses dents serrées. Vous pouvez me battre devant cet homme et me couper en morceaux. Mais je ne veux plus de Juma pour mon ayah. Elle m’a vu battre. Je ne mangerai pas tant qu’elle ne sera pas partie. Je le jure par — par la tête de mon père. »

Strickland l’envoya à l’intérieur auprès de sa mère, et nous pûmes entendre des bruits de pleurs et la voix d’Adam ne disant rien d’autre que : « Renvoyez Juma ! » Bientôt Juma entra et pleura aussi, et Adam répéta : « Ce n’est pas ta faute, mais va-t’en. »

Et pour finir Juma partit avec toutes ses frusques, et Adam fit ce qu’il put pour enfiler tout seul ses petits vêtements jusqu’à l’arrivée de la nouvelle ayah. Son adresse de bienvenue fut plutôt stupéfiante. En quelques mots, la voici : a Si je fais mal, envoyez-moi à mon père. Si vous me frappez, j’essaierai de vous tuer. Je ne veux pas que mon ayah joue avec moi. Allez manger votre riz ! »

Des ce moment Adam abjura la société des ayahs et des petits garçons indigènes autant que le peut un petit garçon, pour s’en tenir à