Page:Kipling - Du cran.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tinet chaud — tout partout. Le Premier Ministre nous apaisa de nouveau, et bientôt le Chef déclara qu’il allait nous faire une visite officielle — à titre de faveur. La faveur, je m’en foutais, pourvu qu’il s’amène. Aussi mouillai-je à un quart de mille du rivage avec le youyou, pour le cas où les pièces de sept partiraient — je savais que les Martinis ne nous atteindraient pas à cette portée-là — et je l’attendis jusqu’à ce qu’il poussât dans sa barque officielle — quarante rameurs de chaque bord. Vous me croirez si vous voulez, mais il prétendait prendre la préséance sur le Pavillon de la Marine Royale pour se rendre au bateau ! Il me fallut le semer derrière le youyou et l’amener accoster dans les règles. J’avais si mal que c’est à peine si je pus monter à bord pour finir.

— Qu’est-ce qui arriva au Chef ? demanda L’Éteignoir.

— Rien. Il fut acquitté ou condamné — j’ai oublié quoi — mais c’était un parfait gentleman. Nous allions faire des promenades en mer avec lui et son peuple — danser avec eux sur le rivage et toutes choses comme ça. Pour ma part je ne brigue pas de société plus aimable que celle