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sance, pour être toujours sous votre main ; à votre bonté paternelle, afin que, dans le temps que vous m’avez marqué, vous receviez mon esprit entre vos bras : à votre justice, autant qu’elle justifie l’impie et le pécheur, afin que, d’impie et de pécheur, vous le fassiez juste et saint. Il n’y a qu’à cette justice qui punit les crimes que je ne veux pas m’abandonner ; car ce serait m’abandonner à la damnation que je mérite ; et néanmoins, Seigneur, elle est sainte, cette justice, comme tous vos autres attributs ; elle est sainte et ne doit pas être privée de son sacrifice. Il faut donc aussi m’y abandonner, et voici que Jésus-Christ se présente, afin que je m’y abandonne en lui et par lui[1]. »


CHAPITRE XIV.

DU DÉSIR ARDENT QUE QUELQUES AMES SAINTES ONT DE RECEVOIR LE CORPS DE JÉSUS-CHRIST.
Voix du disciple.

1. Combien est grande, ô mon Dieu, l’abondance de douceur que vous avez réservée à ceux qui vous craignent ![2]

Quand je viens à considérer avec quel désir et quel amour quelques âmes fidèles s’approchent, Seigneur, de votre sacrement, alors je me confonds souvent en moi-même, et je rougis de me présenter à votre autel et à la table sacrée de la Communion avec tant de froideur et de sécheresse ; d’y porter un cœur si aride, si tiède, et de ne point ressentir cet attrait puissant, cette ardeur qu’éprouvent quelques-uns de vos serviteurs, qui, en se disposant à vous recevoir, ne sauraient retenir leurs larmes, tant le désir qui les presse est grand, et leur émotion profonde. Ils ont soif de vous, ô mon Dieu, qui êtes la source d’eau vive ; et leur cœur et leur bouche s’ouvrent également pour s’y désaltérer. Rien ne peut rassasier ni tempérer leur faim, que votre sacré Corps, qu’ils reçoivent avec une sainte avidité et les transports d’une joie ineffable.

  1. Bossuet.
  2. Ps. xxx, 23.