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3. Après avoir confessé et déploré avec une grande douleur et un vif sentiment de votre faiblesse ces défauts et tous les autres qui peuvent être en vous, formez un ferme propos de vous corriger et d’avancer dans la vertu.

Offrez-vous ensuite, avec une pleine résignation et sans aucune réserve, sur l’autel de votre cœur, comme un holocauste perpétuel, en l’honneur de mon nom, m’abandonnant entièrement le soin de votre corps et de votre âme, afin d’obtenir ainsi la grâce de célébrer dignement le saint Sacrifice, et de recevoir avec fruit le Sacrement de mon corps.

4. Car il n’est point d’oblation plus méritoire, ni de satisfaction plus grande pour les péchés, que de s’offrir soi-même sincèrement à Dieu, en lui offrant, à la Messe et dans la Communion, le Corps de Jésus-Christ.

Si l’homme fait ce qui est en lui et s’il a un vrai repentir toutes les fois qu’il s’approche de moi pour demander grâce et miséricorde : J’en jure par moi-même, dit le Seigneur, je ne me souviendrai plus de ses péchés, et ils lui seront tous pardonnés ; car je ne veux point la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse et qu’il vive[1].

RÉFLEXION.

Il n’est rien de plus utile en soi, ni de plus indispensable pour approcher dignement de l’autel, que de descendre en sa conscience, et d’en scruter, avec une sévérité salutaire, les tristes profondeurs. Nous avons en nous-mêmes comme une image du royaume des ténèbres : là vit, et croît, et se propage l’innombrable famille des vices, nés de la triple concupiscence[2] qui a infecté la vie humaine dans sa source. Quiconque examine sérieusement son cœur, y trouve le germe de tout ce qui est mauvais ; un orgueil tantôt hardi et violent, tantôt plein de déguisements et de ruses, une curiosité effrénée, des convoitises ardentes, la haine qu’accompagnent l’injure, l’outrage et la calomnie, l’envie mère du meurtre, l’avarice qui dit sans cesse : Apporte, apporte[3], la dureté d’âme, les joies coupables de l’esprit ; et bien que ces semences de mort ne se dé-

  1. Ezech. xxiii, 22 ; xxxiii, 11.
  2. Joann. i, 11, 16.
  3. Prov. xxx, 15.