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Voilà que les Cieux des cieux ne peuvent vous contenir[1], et vous dites : Venez tous à moi.

3. D’où vient cette miséricordieuse condescendance, une si tendre invitation ?

Comment oserai-je aller à vous, moi qui ne sens en moi même aucun bien qui puisse me donner quelque confiance ?

Comment vous recevrai-je en ma maison, moi qui ai si souvent outragé votre bonté ?

Les Anges et les Archanges vous adorent en tremblant, les Saints et les Justes sont saisis de frayeur ; et vous dites : Venez tous à moi !

Si ce n’était vous qui le dites, Seigneur, qui pourrait le croire ?

Et si vous n’ordonniez vous-même d’approcher de vous, qui en aurait l’audace ?

4. Noé, cet homme juste, travailla cent ans à construire l’arche, pour se sauver avec peu de personnes : et moi, comment pourrai-je, en une heure, me préparer à recevoir dignement le Créateur du monde ?

Moïse le plus grand de vos serviteurs, pour qui vous étiez comme un ami, fit une arche d’un bois incorruptible, qu’il revêtit d’un or très pur, afin d’y déposer les tables de la loi : et moi, vile créature, j’oserai recevoir si facilement le fondateur de la loi et l’auteur de la vie ?

Salomon, le plus sage des rois d’Israël, employa sept ans à élever un temple magnifique à la gloire de votre nom : il célébra, pendant huit jours, la fête de sa dédicace ; il offrit mille hosties pacifiques, et, au son des trompettes, au milieu des cris de joie, il plaça solennellement l’arche d’alliance dans le lieu qui lui était préparé.

Et moi, misérable que je suis et le plus pauvre des hommes, comment vous introduirai-je dans ma maison, moi qui sais à peine employer pieusement une demi-heure ?

  1. III Reg. viii, 27.